Page:Voragine - Légende dorée.djvu/164

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reux était mort. L’imposteur, désolé, courut avouer sa faute à Épiphane, en le suppliant de ressusciter son compagnon. Et Épiphane le consola de son mieux, mais ne voulut point ressusciter le mort, afin que l’accident servît d’exemple à ceux qui seraient tentés de tromper les ministres de Dieu.

Or, quand Épiphane eut quitté Constantinople, on rapporta à Jean que l’impératrice Eudoxie avait excité contre lui ce vénérable évêque. Aussitôt Jean, avec son zèle accoutumé, fit, en présence de tous, un sermon où il parlait de toutes les femmes en des termes très violents. Et l’on fut unanime à considérer ce sermon comme dirigé contre l’impératrice. Ce qu’apprenant, celle-ci se plaignit à l’empereur, et réclama vengeance. Poussé par elle, l’empereur ordonna la convocation du synode réclamé par Théophile, et auquel Jean s’était toujours opposé.

Aussitôt Théophile convoqua tous les évêques ennemis de Jean ; et ceux-ci, réunis à Constantinople, ne s’occupaient plus des livres d’Origène, mais se posaient ouvertement en adversaires de Jean. Ils sommèrent celui-ci de comparaître devant eux. Mais Jean, malgré quatre appels, refusa de se livrer à des ennemis, et réclama la convocation d’un synode universel. Sur quoi les évêques le condamnèrent, sans avoir rien trouvé à lui reprocher, sinon son refus de se rendre à leur citation. En conséquence, l’empereur ordonna qu’il fût au plus vite envoyé en exil ; mais le peuple, indigné, se souleva en sa faveur et refusa de le laisser sortir de l’église, demandant que sa condamnation fût portée devant un concile général. Alors Jean, pour éviter que la sédition ne s’étendît, quitta l’église à l’insu du peuple et partit pour l’exil. Mais le peuple, dès qu’il l’apprit, se souleva plus encore ; et bon nombre de ses anciens ennemis se convertirent à sa cause, reconnaissant qu’on l’avait calomnié.

Cependant Sévérien, dont nous avons parlé plus haut, diffamait Jean jusque dans son église. Il disait que, si même Jean n’avait pas commis d’autre faute, son orgueil aurait suffi à justifier sa condamnation. Et cet impudent