Page:Voragine - Légende dorée.djvu/197

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en raison de sa sainteté ; 2o Mathias, dont l’auteur des Actes a jugé inutile de faire l’éloge, estimant que le fait de son élection à l’apostolat rendait tous les éloges superflus. Et, tombant en prière, les apôtres dirent : « Toi, Seigneur, qui connais les cœurs de tous, montre-nous lequel de ces deux hommes tu as choisi pour prendre la place de Judas, dans le ministère et l’apostolat ! » Et l’on jeta les sorts, et le sort désigna Mathias, qui, d’un commun accord, fut adjoint aux onze apôtres.

Saint Jérôme fait observer, à ce propos, que l’exemple de ce choix ne prouve nullement qu’on doive se servir du sort pour les élections religieuses : car le privilège du petit nombre ne saurait constituer la loi de tous. Comme le dit en effet, Bède, c’est seulement au jour de la Pentecôte que fut consommée l’hostie immolée dans la Passion ; c’est au jour de la Pentecôte que la vérité du dogme se trouva entièrement constituée. Or, l’élection de Mathias étant avant la Pentecôte, on s’y est servi du sort pour se conformer à la loi ancienne, suivant laquelle le grand prêtre était choisi au sort. Mais, dès que la Pentecôte eut achevé d’abroger l’ancienne loi, ce n’est plus au sort que furent élus les sept diacres, mais bien par le choix des disciples ; et ils furent ensuite ordonnés par l’imposition des mains des apôtres.

III. L’apôtre Mathias eut pour mission d’évangéliser la Judée. Il y prêcha de longues années, fit de nombreux miracles, et s’endormit enfin dans la paix du Seigneur. Certains auteurs affirment, cependant, qu’il souffrit le martyre et périt sur la croix. Son corps est, dit-on, enseveli à Rome, sous une dalle de porphyre, dans l’église Sainte-Marie Majeure, et l’on y montre sa tête aux fidèles.

D’après une autre légende, qui a cours à Trêves, Mathias serait né à Bethléem, d’une famille noble de la tribu de Juda. Prêchant en Judée, il éclairait les aveugles, purifiait les lépreux, chassait les démons, rendait aux boiteux la marche, aux sourds l’ouïe, et la vie aux morts. Il opéra de nombreuses conversions : sur quoi les Juifs, par jalousie, le firent passer en jugement. Là deux faux