Page:Voragine - Légende dorée.djvu/208

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reliques précieuses, Grégoire leur donna un petit fragment de la dalmatique de saint Jean l’Évangéliste. Or les princes, tenant une telle relique pour indigne d’eux, la rendirent dédaigneusement à saint Grégoire. Alors celui-ci, après avoir prié, perça l’étoffe avec la pointé d’un couteau ; et aussitôt un flot de sang en jaillit, attestant ainsi miraculeusement le prix de la relique.

XIII. Un riche Romain qui avait abandonné sa femme, et que Grégoire avait puni de l’excommunication, voulut se venger du pontife ; ne pouvant rien par lui-même contre lui, il s’adressa à des magiciens qui lui promirent d’envoyer un démon dans le corps du cheval de Grégoire, de façon à faire, périr celui-ci. Et voici que, au moment où Grégoire montait sur son cheval, l’animal, possédé du démon, se mit à ruer si fort que personne ne parvenait à le retenir. Mais Grégoire vit aussitôt le caractère diabolique de l’entreprise ; et, d’un seul signe de croix, il apaisa la fureur du cheval, et fendit aveugles les magiciens, qui vinrent confesser leur crime et furent ensuite admis à la grâce du baptême. Grégoire refusa cependant de les guérir de leur cécité, de peur qu’ils hé revinssent à leur magie, mais il les fit nourrir, leur vie durant, aux frais de l’Église.

XIV. On lit encore, dans le livre que les Grecs appellent Lymon, le trait que voici. L’abbé dû monastère fondé par saint Grégoire vint un jour dire au saint que l’un des moines avait en sa possession trois pièces d’argent. Et Grégoire, pour faire un exemple, excommunia ce moine. Or, peu de temps après, le moine mourut, et Grégoire, en apprenant sa mort, fut désolé de l’avoir laissé mourir sans absolution. Il écrivit du moins, sur une feuille de papier, un acte par lequel il absolvait le défunt de l’excommunication prononcée contre lui ; et il chargea un de ses diacres de placer ce papier sur la poitrine du moine. Et, la nuit suivante, le moine apparut à son abbé et lui dit que, depuis sa mort, il avait été tenu en prison, mais qu’il venait enfin de recevoir sa grâce.

XV. Saint Grégoire institua l’office et le chant ecclésiastiques, ainsi qu’une école de Chant. Et il fit élever, à cette