Page:Voragine - Légende dorée.djvu/218

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ses parents l’avaient conduit, tout enfant encore, à Rome, afin qu’il s’y livrât aux études libérales. Et lui, dès l’enfance, il renonça à ces études et s’enfuit de Rome, pour aller vivre au désert. Sa nourrice, qui l’aimait tendrement, le suivit jusqu’à un certain lieu appelé Œside. Là, voulant cuire du pain, elle emprunta un crible pour passer le froment ; et, comme elle avait mis ce crible sur la table, elle le fit tomber par mégarde, de telle sorte qu’il se brisa en deux. Alors Benoît, la voyant pleurer, prit les deux moitiés, fit une prière sur elles, et obtint qu’elles se rejoignissent sans trace de fracture. Puis, fuyant sa nourrice, il se réfugia dans une caverne où, pendant trois ans, il vécut ignoré de tous les hommes à l’exception d’un moine nommé Romain, qui pourvoyait à son entretien. La caverne où se trouvait Benoît étant d’un accès difficile, ce Romain attachait un pain à une longue corde, et le lançait ainsi à Benoît du haut de la montagne. Et il avait attaché à la corde une clochette dont le son avertissait le jeune ermite d’avoir à sortir pour prendre le pain. Or le vieil ennemi des hommes, voyant cela, brisa la clochette, de manière à ce que Benoît ne fût plus averti de l’arrivée de son pain. Et voilà que certain prêtre, qui se préparait à fêter le jour de Pâques, vit apparaître le Seigneur, qui lui dit : « Tu t’apprêtes là à un festin, et, au même moment, dans une caverne de la montagne, mon serviteur souffre de la faim ! » Aussitôt le prêtre se leva ; et, quand il eut enfin trouvé la retraite de Benoît, il lui dit : « Lève-toi et mangeons ensemble le repas que j’apporte, car c’est aujourd’hui la fête de Pâques ! » Et Benoît lui dit : « Oui, c’est une vraie fête, puisque j’ai le bonheur de te voir ! » Car, dans son isolement, il ne savait pas que c’était en effet le jour de Pâques. Et le prêtre lui dit : « Sache que c’est aujourd’hui vraiment le jour de la Résurrection, et que le Seigneur lui-même m’envoie vers toi pour te relever de ton abstinence ! » Après quoi, ayant béni Dieu, ils mangèrent ensemble.

Un autre jour, un merle noir se mit à voler avec insistance tout contre le visage de Benoît ; mais celui-ci