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XVII
INTRODUCTION

mettre à la portée d’âmes naïves et passionnées qui aussitôt s’efforcent, par mille moyens, de témoigner la joie extrême qu’elles éprouvent à les accueillir. Voilà pourquoi Jacques de Voragine ne dédaigne point d’admettre, dans son livre, jusqu’à des récits dont il avoue lui-même qu’ils ne méritent pas d’être pris bien à cœur ! Voilà pourquoi il ne néglige jamais une occasion d’expliquer longuement le sens des diverses cérémonies religieuses, la tonsure des prêtres, les processions, la dédicace des églises ! Et voilà pourquoi, tout en nommant toujours les auteurs dont il « compile » les savants écrits, il a toujours soin de modifier les passages qu’il leur emprunte, de manière que l’âme la plus simple puisse les comprendre et en profiter. Sa Légende est, ainsi, la suite directe de cette traduction italienne de la Bible que ses biographes signalent comme l’un de ses premiers ouvrages. Et si, au lieu d’écrire sa Légende en italien, il l’a écrite dans un honnête latin de sacristie, dont les humanistes de la Renaissance ont eu beau jeu à railler la médiocrité, c’est que, sans doute, sous cette forme, il a su que son livre pourrait se répandre plus loin, et ouvrir à plus d’âmes la maison de Dieu.

Le fait est qu’il n’y a peut-être pas de livre qui ait été plus souvent copié et traduit. Toutes les bibliothèques du monde en possèdent des manuscrits, dont quelques-uns comptent parmi les chefs-d’œuvre des deux arts délicieux de la calligraphie et de l’enluminure. Et lorsque, deux cents ans après, l’imprimerie vient, hélas ! se substituer à ces