Page:Voragine - Légende dorée.djvu/223

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le tourmenter et ne le lâcha plus qu’il n’eût causé sa mort.

Un homme envoya à saint Benoit deux flacons de vin ; mais l’enfant qui les portait en cacha un sur l’a route, et ne donna que l’autre au saint. Celui-ci reçut le flacon avec reconnaissance, et, au moment où l’enfant repartait, il lui dit : « Mon fils, garde-toi de boire du flacon que tu as caché, mais penche-le avec précaution et tu verras ce qu’il contient ! » L’enfant, confus, s’enfuit au plus vite, et, arrivé auprès du flacon, le pencha avec précaution ; et il en vit sortir un affreux serpent.

Un soir, comme saint Benoît mangeait son souper, un moine, qui était fils d’un sénateur, fut chargé de le servir et de lui tenir la lumière. Et ce jeune homme se dit : « Qui est cet homme, pour que je le serve à table et lui tienne la lumière ? » Et aussitôt le saint lui dit : « Sonde ton cœur, mon fils, sonde ton-cœur ! » Puis, appelant ses frères, il fit enlever la lampe des mains du jeune moine et ordonna à celui-ci de s’enfermer dans sa cellule.

Un certain Goth nommé Galla, et qui appartenait à l’hérésie arienne, brûlait d’une haine si féroce contre les religieux catholiques, qu’il tuait tous les clercs ou moines qu’il rencontrait. Un jour cet homme, avait envahi les biens d’un paysan et torturait celui-ci des pires supplices ; alors le paysan déclara qu’il avait mis sa personne et ses biens sous la protection de Benoît, Sur quoi Galla fit surseoir au supplice du paysan, mais lui fit lier les mains et lui ordonna de marcher devant lui, pour lui montrer ce Benoît à qui il avait cédé ses biens. Et le paysan le conduisit au monastère de saint Benoît, et lui montra celui-ci occupé à lice tranquillement dans sa cellule. Galla, dans sa folle fureur, cria au saint : « Allons, lève-toi, et restitue à ce paysan les biens qu’il t’a confiés ! » Au son de cette voix inconnue, saint Benoît leva les yeux ; et, au moment où son regard s’arrêtait sur le paysan, les fortes courroies qui liaient les mains de celui-ci se rompirent d’un seul coup. Et Galla, effrayé d’un tel miracle, se jeta aux pieds du saint, se recommandant à ses prières. Mais le saint ne