Page:Voragine - Légende dorée.djvu/262

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II. En ce temps-la, sous le règne de Dioclétien et Maximien, le préfet Dacien ouvrit contre les fidèles une persécution si violente que, dans l’espace d’un mois, dix-sept mille d’entre eux reçurent la couronne du martyre, et que beaucoup d’autres, à force de souffrir dans les tourments, fléchirent et se résignèrent à sacrifier aux idoles. Ce que voyant, saint Georges, éperdu de douleur, se dépouilla de tous ses biens, rejeta ses habits guerriers pour revêtir le manteau des chrétiens, et, s’élançant au milieu de la place publique, s’écria : « Tous vos dieux ne sont que des démons ; et c’est notre Seigneur qui a créé le ciel et la terre ! » Le préfet, irrité, lui dit : « Comment oses-tu, présomptueux, blasphémer contre nos dieux ! Qui es-tu, et d’où viens-tu ? » Et saint Georges : « Je me nomme Georges, je descends d’une famille noble de la Cappadoce et, avec l’aide de mon Dieu, j’ai combattu en Palestine ; mais maintenant j’ai renoncé à tout pour servir plus librement le Dieu du ciel. » Alors le préfet, ne pouvant le fléchir, le fit étendre sur un chevalet et ordonna que tous ses membres fussent déchirés, l’un après l’autre, par des ongles de fer ; il lui fit aussi brûler le corps avec des torches ardentes, et fit frotter avec du sel les plaies par où sortaient ses entrailles. Mais, la nuit suivante, le Seigneur apparut à saint Georges avec une grande lumière, et le réconforta si doucement, par sa vision et par ses paroles, que toutes les souffrances lui parurent légères. Et Dacien, voyant que les tourments n’avaient point de prise sur lui, fit venir un magicien, et lui dit : « Ces chrétiens ont des sortilèges qui leur adoucissent les tourments et les rendent intraitables. » Et le magicien répondit : « Si je ne parviens pas à avoir raison des sortilèges de Georges, je consens que tu m’ôtes la vie ! » Sur quoi, après avoir invoqué ses dieux, il versa du poison dans du vin, et fit boire ce vin à saint Georges : celui-ci le but en faisant un signe de croix, et n’en souffrit aucun mal. Le magicien mit alors dans le vin une dose plus forte de poison ; le saint fit un signe de croix, et but le vin sans avoir aucun mal. Ce que voyant, le magicien se prosterna à ses pieds, le supplia en pleurant de lui pardon-