Page:Voragine - Légende dorée.djvu/268

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

barbe touffue, une taille moyenne et un port excellent. Il était âgé d’une cinquantaine d’années lorsqu’il souffrit le martyre. Son miracle de la main guérie a été célébré par saint Ambroise.

II. L’an du Seigneur 468, sous le règne de l’empereur Léon, les Vénitiens transportèrent le corps de saint Marc, d’Alexandrie, à Venise, où l’on construisit en l’honneur du saint une église d’une beauté merveilleuse. Ce furent certains marchands vénitiens qui, se trouvant à Alexandrie, obtinrent, par des prières et des promesses, que les deux prêtres préposés à la garde du corps leur permissent d’emporter secrètement le corps et de l’emmener à Venise. Mais quand ils soulevèrent la pierre du tombeau, un si fort parfum se répandit par toute la ville d’Alexandrie que chacun se demandait avec étonnement d’où pouvait venir cette douce odeur. Et comme, durant le voyage, les marchands avaient dit à l’équipage d’un autre bateau quel était le saint corps qu’ils emportaient avec eux, des hommes de cet équipage leur dirent : « Peut-être les Égyptiens vous ont-ils trompés, en vous donnant un autre corps que celui de saint Marc ? » Mais aussitôt le vaisseau où était le corps se retourna contre l’autre vaisseau, fondit sur lui, lui fit une brèche, et aurait achevé de l’anéantir si tout l’équipage ne s’était empressé de proclamer que le corps était bien celui de saint Marc. Une autre fois, le pilote ayant perdu son chemin, dans la nuit, et ne sachant plus où se trouvait le vaisseau, saint Marc apparut au moine chargé de garder son corps, et lui dit : « Va dire aux matelots de plier tout de suite les voiles pour ralentir la course du vaisseau, car la terre est toute proche ! » Les matelots suivirent ce conseil, et bien leur en prit : car le lendemain, au petit jour, ils s’aperçurent qu’ils étaient dans le voisinage d’une île sur laquelle, sans la protection de saint Marc, le vaisseau se serait brisé. Et ; dans tous les pays où le vaisseau faisait relâche, les habitants, sans qu’on leur eût rien dit du trésor qu’il portait, accouraient en s’écriant : « Oh ! comme vous êtes heureux de pouvoir porter le corps de saint Marc ! Laissez-nous l’adorer