Page:Voragine - Légende dorée.djvu/271

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Mais de nouveau le fer s’amollit, comme hébété par la puissance de Dieu. Ce que voyant, le maître, stupéfait, se repentit, demanda pardon à l’esclave, et alla prier avec lui au tombeau de saint Marc.

VII. Un soldat fut si grièvement blessé au bras, dans une bataille, qu’il eut la main presque détachée. Et médecins et amis lui conseillaient de se la faire couper ; mais il hésitait, ayant honte de devenir manchot, car il était réputé pour très adroit de ses mains. Il demanda enfin qu’on lui remît en place la main pendante, et qu’on l’attachât avec des linges : après quoi il invoqua l’aide de saint Marc, et aussitôt sa main recouvra son ancienne santé. Seule une cicatrice resta toujours visible, pour porter témoignage du précieux miracle.

VIII. Un habitant de Mantoue, ayant été faussement accusé par des infâmes, fut mis en prison. Il y était depuis quarante jours et s’ennuyait fort, lorsque enfin, après s’être mortifié par trois jours de jeûne, il invoqua l’appui de saint Marc. Aussitôt le saint lui apparut, et lui dit de sortir de sa prison. Mais l’homme, jugeant la chose impossible, crut qu’il avait rêvé et ne tint nul compte de l’ordre du saint. Une seconde fois, puis une troisième fois, le saint lui apparut et lui renouvela son ordre. Alors le prisonnier, voyant que la porte de sa cellule était ouverte, sortit, après avoir brisé comme de l’étoupe les chaînes de ses pieds. Et il allait, en plein jour, au milieu des gardiens et des autres habitants de la ville, sans que personne d’entre eux pût le voir. Il parvint ainsi à Venise, où il s’empressa d’aller pieusement rendre grâces au tombeau de saint Marc.

IX. Comme toute la Pouille souffrait de disette, et que la pluie s’obstinait à ne point tomber pour arroser le sol, on apprit que cette calamité venait de ce que les habitants ne célébraient point la fête de saint Marc. Ils s’empressèrent donc d’invoquer ce saint, avec la promesse de célébrer solennellement sa fête ; et aussitôt saint Marc, les délivrant de la sécheresse, leur accorda un air sain et la pluie qu’ils désiraient.