Page:Voragine - Légende dorée.djvu/278

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ternés, se mirent à méditer sa mort, avec l’idée qu’ils retrouveraient la paix s’ils parvenaient à se débarrasser d’un aussi vaillant adversaire. Et un jour, comme Pierre revenait de Côme à Milan, il reçut en chemin la palme du martyre. Le pape Innocent raconte que, sur la route, le saint fut assailli par un hérétique qui, se jetant sur lui comme le loup sur l’agneau, lui porta à la tête de cruelles blessures. Et le saint ne fit entendre ni plainte ni murmure, mais plutôt s’offrit en victime à son assassin, et, souffrant patiemment, se contenta de dire : « Seigneur, je remets mon âme entre tes mains ! » Après quoi il récita encore le symbole de la foi, ainsi que l’ont rapporté son assassin lui-même, — qui tomba aux mains des fidèles peu de temps après, — et un frère dominicain qui accompagnait Pierre, et qui, frappé lui aussi, survécut quelques jours à ses blessures. Puis, voyant que le martyr tardait à mourir, l’assassin tira son couteau et lui transperça le flanc. Ainsi Pierre eut l’insigne bonheur de pouvoir être à la fois, dans cette même journée, confesseur, martyr et aussi prophète ; car le matin, au moment de se mettre en route, comme ses frères lui disaient que, fatigué et souffrant de la fièvre, il aurait peine à aller d’une seule traite jusqu’à Milan, il leur avait répondu : « Si je ne parviens pas jusqu’au couvent de mes frères, saint Simplicien pourra toujours me donner un abri pour la nuit. » Or, le soir, lorsque son corps sacré fut ramené à Milan, les frères, en raison de la fréquence de la foule, se trouvèrent empêchés de le conduire jusqu’à leur couvent, si bien qu’ils le déposèrent dans l’église de saint Simplicien, où il resta toute la nuit. Mais son assassin et ses complices furent trompés dans leurs prévisions : car Pierre, par son martyre, contribua autant et plus que par les actes de sa vie à convertir les hérétiques. Il y contribua si puissamment, par le souvenir de ses mérites et par d’éclatants miracles, que la plupart des hérétiques renoncèrent à leurs erreurs pour rentrer dans le sein de l’église romaine. La ville et le comté de Milan se trouvèrent, en quelques jours, purgés de l’hérésie. Et bon nombre des plus influents et