Page:Voragine - Légende dorée.djvu/284

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

donnant un baiser. Cette explication du nom de saint Jacques nous est, en outre, confirmée par saint Ignace dans sa lettre à l’évangéliste Jean, où nous lisons : « Avec ta permission, je voudrais me rendre à Jérusalem pour voir le vénérable Jacques, surnommé le Juste, dont on dit qu’il ressemblait si fort à Jésus-Christ de figure, de manières, et de langage, qu’on aurait pu le tenir pour son frère jumeau. »

Ou bien encore ce surnom peut venir de ce que Jésus et Jacques étaient enfants de deux sœurs, et que le père de Jacques, Cléophas, était le frère de Joseph. Mais, en. tout cas, ce nom de « frère du Seigneur » ne saurait venir, comme d’aucuns l’ont prétendu, de ce que Jacques fût le fils de Joseph, le mari de la Vierge : car il était fils de Marie, fille de Cléophas, qui lui-même était frère de Joseph, le mari de la Vierge. Les Juifs, en effet, appelaient frères tous ceux que rattachaient entre eux les liens du sang. Quant au nom de Jacques Mineur, il s’oppose à celui de Jacques Majeur, le fils de Zébédée, qui, bien qu’il ait reçu la vocation après l’autre Jacques, était cependant son aîné par l’âge. Enfin, le surnom de Juste nous rappelle l’éminente sainteté de Jacques, qui, d’après saint Jérôme, était l’objet d’une vénération si profonde que le peuple se disputait l’honneur de toucher les pans de son manteau. Et voici ce qu’écrit de sa sainteté Hégésippe, qui eut l’occasion de connaître les apôtres : « La direction de l’église fut confiée à Jacques, le frère du Seigneur, que tous se sont toujours accordé à appeler le Juste. Telle était sa sainteté, dès le ventre de sa mère, que jamais il ne but de vin ni de bière, jamais il ne mangea de viande, jamais il ne s’oignit d’huile, jamais il n’eut besoin de prendre des bains. Toute sa vie il fut vêtu d’un simple manteau de toile. Et, à force de s’agenouiller pour prier, on voyait sur ses genoux des durillons comme ceux qui se forment sous les pieds. Aussi lui seul, parmi les apôtres, en raison de sa sainteté, était-il admis à pénétrer dans le Saint des Saints. » On dit également qu’il fut le premier, parmi les apôtres, à célébrer la messe, les disciples lui ayant lait