Page:Voragine - Légende dorée.djvu/323

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honneurs soit regardé au ciel comme une colonne de feu, de préférence à nous, qui portons le poids des saisons dans nos ermitages ! » Mais Basile, devinant sa pensée, le fit venir en sa présence ; et Éphrem vit alors qu’une langue de feu était dans sa bouche, et il lui dit : « Oui, Basile, tu es vraiment grand, oui, Basile, tu es vraiment une colonne de feu, et c’est vraiment l’Esprit-Saint qui parle par ta bouche ! » Et il dit encore à l’évêque : « Je t’en prie, saint père, obtiens pour moi que je parle grec ! » Et Basile : « Quelle étrange chose tu souhaites là ! » Mais il pria pour lui, et aussitôt Éphrem sut parler la langue grecque.

II. Un autre ermite, voyant Basile officier dans son église en habit pontifical, le méprisa, car il s’imaginait que cette pompe plaisait à l’évêque. Mais voici qu’il entendit une voix qui lui disait : « Tu prends plus de plaisir à caresser le dos de ta chatte, dans ton ermitage, que Basile n’en prend à vivre dans l’appareil de sa dignité !

III. L’empereur Valens, qui favorisait les ariens, leur donna une église qu’il enleva aux catholiques. Alors Basile vint le trouver et lui dit : « Sire, il est écrit que l’honneur du roi aime la justice. Pourquoi donc as-tu consenti à ce que les catholiques fussent dépouillés de leur église au profit des ariens ? » Et l’empereur : « Voici de nouveau que tu viens m’injurier, Basile ! cela n’est pas digne de toi ! » Mais Basile : « Il est digne de moi de mourir même, au besoin, pour la justice ! » Alors Démosthène, préfet de la table impériale et partisan des ariens, se mit à l’invectiver. Et Basile lui dit : « Mon ami, ton affaire est de faire cuire les poulets de l’empereur, et non pas de faire cuire les dogmes divins ! » Sur quoi le garde-bouche se tut, plein de confusion. Et l’empereur dit : « Basile, va et sois arbitre entre les deux partis, mais ne te laisse pas entraîner par ton amour excessif du peuple ! » Alors Basile se rendit à l’endroit où catholiques et ariens était rassemblés, fit fermer les portes de l’église, et ordonna à chacun des deux partis de les sceller de son sceau, ajoutant que l’église devrait