Page:Voragine - Légende dorée.djvu/326

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jamais le signe de la croix, ne priait jamais, et, sans doute, n’était pas chrétien. La jeune femme, entendant cela, fut épouvantée. Elle rapporta la chose à son mari ; et, comme celui-ci affectait de ne point prendre au sérieux ces accusations, elle lui dit : « Si tu veux que je te croie, tu entreras demain à l’église avec moi ! » Alors le mari, ne pouvant pas dissimuler davantage, lui raconta toute son aventure, dont elle fut bouleversée ; et, tout en larmes, elle courut raconter à saint Basile ce qui était arrivé à son mari et à elle.

Alors le saint fit venir le mari, lui fit tout avouer, et lui dit : « Cher fils, veux-tu revenir à Dieu ? » Et le jeune homme : « Ah ! mon père, je le voudrais de tout mon cœur, mais je ne le puis, car je me suis livré au diable, et ai renié le Christ, et ai donné au diable un papier où j’ai écrit mon reniement, de ma propre main ! » Et Basile : « Ne t’en fais point de souci ! Jésus est bon : il t’admettra à faire pénitence ! » Puis, s’approchant du jeune homme, il lui fit au front le signe de la croix, et l’enferma dans une cellule, où il revint le voir trois jours après. Et il lui demanda comment il se trouvait. Et le jeune homme : « Seigneur, je suis bien en peine, car les diables, tenant en main mon papier, m’invectivent jour et nuit en me disant : C’est toi qui es venu nous trouver, et non pas nous qui sommes allés te chercher ! » Alors saint Basile lui dit : « Mon fils, ne crains rien, mais aie seulement la foi ! » Puis il lui donna un peu de nourriture, fit de nouveau sur lui le signe de la croix, l’enferma de nouveau, et pria pour lui. Revenant le voir, quelques jours après, il lui demanda comment il se trouvait. Le jeune homme répondit : « Mon père, j’entends toujours leurs cris et leurs reproches, mais du moins je ne les vois plus ! » Et de nouveau l’évêque lui donna de la nourriture, fit sur lui le signe de la croix, l’enferma, et pria pour lui. Le quarantième jour, il lui demanda une troisième fois comment il se trouvait. Et le jeune homme : « Je me trouve très bien, mon saint père, car aujourd’hui je t’ai vu, en rêve, combattant pour moi et vainquant le diable ! »