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la légende dorée

célébrée par l’Église pour trois raisons : 1o parce qu’il fut sanctifié dès le ventre de sa mère ; 2o parce qu’il remplit dans la vie un rôle d’une importance exceptionnelle, étant venu comme un porte-lumière pour nous annoncer la joie du salut ; 3o parce que sa naissance même fut une cause de joie. En effet l’archange avait dit : « Et beaucoup se réjouiront de sa nativité. » Aussi est-ce juste que, nous aussi, nous nous en réjouissions.

Nous devons noter que ce jour de la nativité de saint Jean-Baptiste est aussi le jour où saint Jean l’Évangéliste rendit son âme à Dieu. Mais l’Église a placé la fête de l’Évangéliste trois jours après Noël, parce que c’est ce jour-là qu’a été consacrée la basilique élevée en son honneur, tandis que la fête de la nativité de saint Jean-Baptiste se célèbre le jour même où ce saint est né. D’où l’on doit bien se garder de conclure, cependant, que l’Évangéliste soit inférieur au Baptiste, comme le cadet à l’aîné. Et Dieu a même daigné nous apprendre, par un exemple formel, qu’il ne lui convenait pas que l’on discutât la question de savoir lequel des deux saints était le plus grand. Il y avait, en effet, deux savants théologiens dont l’un préférait saint Jean-Baptiste, l’autre saint Jean l’Évangéliste : si bien qu’ils convinrent d’un jour pour une discussion en règle. Et comme chacun s’inquiétait de recueillir des autorités et de bons arguments à l’appui de ses préférences, à chacun d’eux se montra le saint Jean qu’il préférait, et lui dit : « Nous nous accordons fort bien au ciel ; ne vous disputez donc pas sur la terre à notre sujet ! » Ce dont les deux docteurs se firent part l’un à l’autre ainsi qu’au peuple, en bénissant Dieu.

II. L’historiographe des Lombards, Paul, diacre de l’Église romaine et moine du Mont-Cassin, s’apprêtait un jour à bénir un cierge, lorsque tout à coup sa voix, auparavant très belle, s’enroua. Et, pour recouvrer sa voix, il composa en l’honneur de saint Jean l’hymne Ut queant laxis resonare fibris, où il demandait à Dieu que sa voix lui fût rendue, comme elle l’avait été autrefois à Zachafie.