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la légende dorée

aumônes, distribuèrent aux pauvres tout l’argent qui leur restait. Le dixième jour, ils virent arriver près d’eux un certain Térentien, qui leur dit : « Notre maître Julien vous envoie cette petite statue de Jupiter, pour que vous brûliez de l’encens devant elle : si vous ne le faites pas, vous périrez tous deux. » Et les saints lui dirent : « Si tu as pour maître Julien, obéis à ses ordres ; mais nous, nous n’avons d’autre maître que Jésus-Christ ! » Alors Térentien les fit décapiter en secret, et fit ensevelir leurs corps dans leur maison ; et il répandit le bruit qu’ils étaient partis en exil. Mais bientôt son fils fut possédé d’un démon qui le faisait beaucoup souffrir : ce que voyant, Térentien avoua son crime, se fit chrétien, et écrivit lui-même le récit du martyre des deux saints ; en échange de quoi son fils fut délivré.

Saint Grégoire raconte, dans une de ses homélies, qu’une femme, qui visitait souvent l’église des deux martyrs, aperçut un jour devant sa porte, en revenant de cette église, deux moines en manteaux de pèlerins. Elle leur fit, aussitôt, donner l’aumône par son intendant. Mais eux, s’approchant d’elle, lui dirent : « Puisque tu aimes à nous faire visite, nous te réclamerons au jour du jugement, et, tout ce que nous pourrons faire pour toi, nous le ferons ! » Puis, cela dit, ils disparurent.




LXXXVIII


SAINT LÉON, PAPE
(28 juin)


Le pape Léon, célébrant la messe dans l’église de Sainte-Marie Majeure, faisait, suivant la coutume, communier les fidèles, lorsqu’une femme lui déposa un baiser sur la main, ce qui fit naître en lui une véhémente tentation charnelle. Mais l’homme de Dieu, se châtiant lui-même avec plus de sévérité que ne l’aurait fait aucun