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la légende dorée

lui et le guérit ; et plus de cinq cents personnes se convertirent au Christ. Mais les païens, pour l’empêcher de prononcer le nom de Jésus, le frappèrent de verges ; et lui, gisant à terre, il continuait à proclamer le vrai Dieu. Alors ils le firent se tenir debout, les pieds nus, sur des pointes de fer ; et comme il continuait à prêcher le Christ, ils le chassèrent de la ville.

Apollinaire revint à Ravenne, où un patricien, nommé Rufus, l’appela près de sa fille qui était malade. Et à peine était-il entré dans la maison de Rufus que cette jeune fille mourut. Alors Rufus : « Mieux eût valu que tu n’entrasses point dans ma maison, car les dieux s’en sont irrités, et ont refusé de guérir ma fille ! Et maintenant que peux-tu pour elle ? » Mais Apollinaire : « Sois sans crainte ; et jure-moi seulement que, si ta fille revient à la vie, tu la laisseras librement se consacrer au service de son Créateur ! » Rufus l’ayant juré, le saint fit une prière, et aussitôt la jeune femme se leva ; après quoi, confessant le Christ, elle reçut le baptême avec sa mère et toute sa maison ; et elle resta vierge durant toute sa vie.

La nouvelle en étant parvenue à l’empereur, celui-ci écrivit au préfet du prétoire que, si Apollinaire refusait de sacrifier aux idoles, il eût à être envoyé en exil. Et le préfet, pour obtenir d’Apollinaire qu’il sacrifiât aux idoles, le fit battre de verges et attacher à un chevalet. Et comme le saint continuait à prêcher le Christ, il fit verser de l’eau bouillante dans ses plaies, le chargea de chaînes et voulut que, dans cet état, il partît pour l’exil. Mais les chrétiens, indignés à la vue d’une telle cruauté, s’élancèrent sur les païens, dont ils tuèrent plus de deux cents. Le préfet, épouvanté, se cacha dans son palais et y fit cacher Apollinaire, qu’il fit ensuite transporter à bord d’un bateau avec trois clercs, ses disciples. Mais, sur le bateau, le saint échappa aux périls de la tempête et convertit les deux soldats chargés de sa garde. Revenu à Ravenne, il fut repris par les païens et conduit au temple d’Apollon où, sur un signe de lui, la statue du dieu se brisa en morceaux. Alors les prêtres le condui-