Page:Voragine - Légende dorée.djvu/386

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par ses miracles ; et le disciple du mage, quand il s’en retourna près de son maître, lui vanta la doctrine de Jacques, lui raconta ses miracles, lui dit qu’il était résolu à devenir chrétien, et l’engagea à imiter son exemple. Alors Hermogène, furieux, se servit de la magie pour l’immobiliser de telle sorte que le malheureux Philet n’avait plus la force de faire un mouvement ; et il lui dit : « Nous verrons bien si ton Jacques parviendra à te délivrer ! » Or Jacques, informé de la chose, envoya à Philet un linge qu’il avait sur le corps. Et à peine Philet eut-il touché ce linge que, délivré de ses chaînes magiques, il brava Hermogène et alla rejoindre l’apôtre. Le mage, exaspéré, ordonna aux démons de lui amener Jacques et Philet chargés de chaînes, pour intimider, par cet exemple, les autres disciples. Mais les démons, arrivés en face de Jacques, commencèrent à gémir piteusement, en disant : « Apôtre Jacques, aie pitié de nous, car voici que nous brûlons avant notre temps ! » Et Jacques : « Pourquoi venez-vous ici ? » Et les démons : « C’est Hermogène qui nous a envoyés pour que nous nous emparions de toi et de Philet ; mais aussitôt l’ange de Dieu nous a liés avec des chaînes de feu, et il ne cesse pas de nous torturer. » Et Jacques : « Que l’ange de Dieu vous rende la liberté : mais ce n’est qu’à la condition que vous vous empariez d’Hermogène et me l’ameniez ici enchaîné, sans cependant lui faire aucun mal ! » Les démons firent comme il l’ordonnait ; et Jacques dit à Philet : « Suivons l’exemple du Christ, qui nous a enseigné de rendre le bien pour le mal ! Hermogène t’a enchaîné ; toi, délivre-le ! » Et comme Hermogène, débarrassé de ses liens, se tenait tout confus devant l’apôtre, celui-ci lui dit : « Va librement où tu veux aller ! car notre doctrine n’admet pas que personne se convertisse malgré lui ! » Et Hermogène lui dit : « Je connais l’humeur vindicative des démons. Ils me tueront si tu ne me donnes pas, pour me protéger, quelque objet t’ayant appartenu. » Alors Jacques lui donna son bâton ; et le mage alla chercher ses livres, et les rapporta à l’apôtre, qui lui ordonna de les jeter à la mer. Après quoi