Page:Voragine - Légende dorée.djvu/392

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demanda s’il le reconnaissait, et qui lui dit : « Je suis l’apôtre Jacques. C’est moi qui t’ai donné un âne pour venir ici et qui te le donnerai de nouveau pour t’en retourner. Mais sache que l’hôte qui t’a dépouillé va mourir et que tout ce qu’il t’a pris te sera rendu ! » Et les choses arrivèrent comme le saint l’avait dit ; et, dès que le pèlerin rentra en possession de son cheval, l’âne qui avait porté ses enfants disparut aussitôt.

Miracle rapporté par Hubert de Besançon. Trois soldats du diocèse de Lyon allaient en pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle. L’un d’eux, rencontrant une femme qui le priait de la décharger de son sac, prit le sac et le mit sur son cheval. Il rencontra ensuite un malade qui défaillait sur la route. Il le mit sur son cheval, prit en main son bourdon ainsi que le sac de la femme, et se mit à marcher à pied, derrière le cheval. Mais l’ardeur du soleil et la fatigue l’épuisèrent si fort que, arrivé en Galice, il tomba, gravement malade. Ses compagnons lui rappelèrent le salut de son âme : mais, pendant trois jours, il n’ouvrit point la bouche. Enfin, le quatrième jour, il soupira profondément et dit : « Grâces soient rendues à saint Jacques, par les mérites de qui me voici délivré ! Car, pendant ces trois jours, des démons m’avaient assailli et me serraient de partout, me mettant dans l’impossibilité de vous répondre. Mais, tout à l’heure, enfin, j’ai vu entrer ici saint Jacques, portant dans une main, comme une lance, le bourdon du mendiant, et dans l’autre main, comme un bouclier, le sac de la femme et il s’est jeté sur les démons, et les a mis en fuite. Maintenant appelez vite un prêtre, car je sens que ma vie va bientôt finir ! » Puis se tournant vers l’un d’eux en particulier, il lui dit : « Ami, sache que le maître que tu sers est damné, et qu’il va mourir de malemort ! » L’ami ainsi prévenu, quand il revint de son pèlerinage, avertit son maître ; mais celui-ci ne tint nul compte de l’avertissement et refusa de s’amender ; et, peu de temps après, il fut tué à la guerre, d’un coup de lance.

Miracle rapporté par le pape Calixte. Un pèlerin de Vézelay, qui se rendait au tombeau de saint Jacques,