Page:Voragine - Légende dorée.djvu/414

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et d’une tunique ; et ces tuniques, quand il ne les donnait pas à quelqu’un, lui duraient jusqu’au jour où, de vieillesse, elles tombaient en morceaux. Rarement il mettait à ses pieds des chaussures, et une ceinture autour de ses reins. Son lit n’était fait que de cendres, d’un cilice, et d’un sac, sans même un oreiller pour soulever sa tête. Et toujours il portait à son cou des reliques de saints. Telle fut la vie de cet évêque, vie qui semblerait incroyable si elle n’était accompagnée de nombreux miracles. Et ses miracles furent tels qu’ils nous paraîtraient fantastiques, si ses mérites ne suffisaient pas à les justifier.

Un jour, ayant reçu l’hospitalité dans une maison, il vit qu’après le repas on apprêtait de nouveau la table. Il en demanda la raison : on lui répondit qu’on apprêtait la table pour les braves femmes qui marchaient la nuit. Germain résolut de veiller toute la nuit ; et il vit arriver une troupe de démons sous forme d’hommes et de femmes. Il leur défendit alors de sortir, et réveillant ses hôtes, leur demanda s’ils reconnaissaient ces personnes. Les hôtes répondirent que ces personnes étaient leurs voisins et leurs voisines. Sur quoi Germain, défendant toujours aux démons de sortir, envoya voir chez les voisins et voisines en question, qui, tous furent trouvés dormant dans leur lit. Alors les démons, sommés par lui de dire la vérité, reconnurent qui ils étaient et avouèrent qu’ils venaient pour tromper les hommes.

II. À cette époque florissait saint Loup, évêque de Troyes. Comme le roi Attila assiégeait la ville, saint Loup monta sur l’une des portes et demanda à l’assiégeant qui il était. Et Attila : « Je suis le fléau de Dieu ! » Alors l’humble serviteur de Dieu dit, en gémissant : « Et moi, hélas, je suis le Loup, le dévastateur du troupeau de Dieu ! Je mérite d’être frappé par le fléau de Dieu ! » Et il fit ouvrir les portes de la ville. Mais Dieu aveugla de telle sorte les Barbares, qu’ils traversèrent la ville d’une porte à l’autre, sans voir personne, et par conséquent, sans faire aucun mal. C’est en compagnie de ce même saint Loup que saint Germain se mit en route pour se