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Page:Voragine - Légende dorée.djvu/468

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à lui faire comprendre que le corps de la Vierge avait été emporté tout entier au ciel.

Mais tout ce qu’on vient de lire est absolument apocryphe, comme le dit saint Jérôme dans sa lettre à Paul et Eustochius. Mais le saint ajoute : « Il y a cependant un certain nombre de faits que nous devons croire vrais, car d’autres témoignages de saints les ont confirmés ; et ces faits sont, à savoir : l’appui divin promis et montré à la Vierge, la réunion de tous les apôtres, la mort sans douleur, les préparatifs de l’ensevelissement dans la vallée de Josaphat, la persécution des Juifs, la production de miracles, enfin l’assomption simultanée de l’âme et du corps. D’autres détails doivent être considérés comme des symboles, et d’autres enfin, tels que l’absence et le doute de Thomas, doivent être rejetés sans hésitation. »

On dit encore que les vêtements de la Vierge sont restés dans le tombeau, pour la consolation des fidèles ; et c’est de l’un de ces vêtements que l’on raconte le miracle suivant. Comme le duc des Normands assiégeait la ville de Chartres, l’évêque de cette ville attacha à une lance, en manière de drapeau, la tunique de la Vierge, qui était conservée dans sa cathédrale ; après quoi, suivi de tout le peuple, il sortit de la ville et marcha vers les ennemis, qui, aussitôt, aveugles et comme paralysés restèrent immobiles. Ce que voyant, les habitants de Chartres se mirent à les massacrer. Mais leur cruauté déplut à la Vierge, qui, dès cet instant, fit disparaître miraculeusement la sainte tunique.

II. Un clerc, qui avait pour la Vierge une dévotion particulière, s’efforçait en quelque sorte de la consoler, tous les jours, de la douleur que lui causaient les cinq plaies du Christ. Il lui disait : « Réjouis-toi, mère de Dieu, vierge immaculée, toi qui as reçu la joie de l’ange, toi qui as enfanté l’éclat de la lumière éternelle, réjouis-toi, seule mère vierge, que louent toutes les créatures ! » Or cet homme, étant malade, et se voyant près de mourir, fut pris d’épouvante. Sur quoi la Vierge, lui apparaissant, lui dit : « Mon fils, comment peux-tu ainsi