Page:Voragine - Légende dorée.djvu/498

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acheter une maison, ni un champ. Quand on lui léguait un héritage, il le refusait, disant que cet héritage devait revenir plutôt aux enfants ou aux proches du légataire. Il n’avait guère souci non plus des biens de l’Église, n’étant occupé, jour et nuit, que des choses divines. Jamais il n’eut le goût de faire bâtir, disant que les constructions nouvelles étaient un empêchement pour une âme qui voulait rester libre de tout ennui matériel, et s’abandonner tout entière à la méditation. Non pas, cependant, qu’il désapprouvât absolument tout projet de construction nouvelle : il ne désapprouvait que le goût passionné que certains en avaient.

Il louait par-dessus tout ceux qui avaient le désir de la mort, et il aimait à citer, à ce propos, l’exemple de trois évêques : 1o l’exemple de saint Ambroise qui, comme on lui demandait de prier pour obtenir une prolongation de sa vie, répondait : « Je n’ai point si mal vécu que je doive avoir honte de continuer à vivre, mais je ne crains pas non plus de mourir, car Dieu est un bon maître » ; 2o l’exemple d’un autre évêque, qui disait, dans les mêmes circonstances, en réponse à ceux qui lui représentaient sa vie comme nécessaire à son église : « Si je ne dois jamais mourir, c’est bien ; mais si je dois mourir un jour, pourquoi pas tout de suite ? » 3o enfin Augustin aimait à citer un troisième évêque qui, étant très malade, avait prié pour recouvrer la santé ; et un jeune homme d’une beauté merveilleuse lui était apparu, qui lui avait dit, d’une voix indignée : « Vous avez peur de souffrir, vous ne voulez pas mourir, que ferai-je de vous ? »

Jamais Augustin ne voulut qu’aucune femme demeurât avec lui, pas même sa cousine, ni les filles de son frère, qui s’étaient vouées au service de Dieu. Jamais il ne voulait parler, seul, à une femme, sauf quand elle avait un secret à lui communiquer. Il fut le bienfaiteur de ses parents, mais en leur apprenant à n’avoir pas besoin de richesses, et non pas en leur donnant des richesses. Rarement il consentait à intercéder pour quelqu’un, de vive voix ou par lettre, disant que, « le