Page:Voragine - Légende dorée.djvu/535

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au diable, exigea qu’il proclamât sa foi dans le Christ et dans toute la doctrine chrétienne, et finit par obtenir sa grâce de son divin Fils, en signe de quoi, lui apparaissant une seconde fois, elle lui posa sur la poitrine l’écrit qu’il avait donné au diable : afin de lui prouver, par là, qu’il n’était plus esclave du démon, et que, grâce à elle, il redevenait libre. Ce que voyant Théophile, transporté de joie, raconta, devant l’évêque et le peuple tout entier, le miracle qui venait de lui arriver, et, trois jours après, il s’endormit en paix dans le Seigneur.

IX. Un mari et sa femme, ayant marié leur fille unique, et ne pouvant se résigner à se séparer d’elle, la gardaient dans leur maison, ainsi que leur gendre. Et la mère de la jeune femme, par amour pour sa fille, avait pour son gendre une affection très vive : ce qui fit dire aux méchantes langues que ce n’était point par amour pour sa fille qu’elle aimait son gendre, mais bien pour son propre compte. De telle sorte que la femme, craignant que cette calomnie ne se répandît, promit à deux paysans de leur donner à chacun vingt sous s’ils voulaient étrangler secrètement le gendre. Et un jour, les ayant enfermés dans son cellier, elle envoya son mari hors de la maison, fit également sortir sa fille, et demanda à son gendre d’aller chercher du vin dans le cellier, où, aussitôt, les deux paysans se jetèrent sur lui et l’étranglèrent. Alors la femme porta le mort dans le lit de sa fille, et l’y installa comme s’il dormait. Le soir, lorsque son mari et sa fille revinrent, elle ordonna à sa fille d’aller réveiller son mari, et de l’appeler à table. La fille trouve son mari mort, accourt l’annoncer à ses parents : et toute la famille de se lamenter, y compris la femme qui avait commis l’homicide. Mais cette femme finit par se repentir sincèrement de son crime, et alla se confesser de tout à un prêtre. Or, quelque temps après, une querelle s’éleva entre cette femme et le prêtre qui, publiquement, lui reprocha le meurtre de son gendre. Les parents du mort apprennent la chose, font passer la femme en jugement ; et elle est condamnée à être brulée. Alors, se voyant près de mourir, elle se réfugie dans l’église de