Page:Voragine - Légende dorée.djvu/555

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hasard un grand bruit sur le pavé. Et l’abbé, entendant le bruit, dit : « Que celui qui a fait ce bruit aille aussitôt à la croix ! » Aussitôt Lambert, pieds nus, et couvert d’un cilice, courut vers la croix qui était à la porte du monastère, et y resta jusqu’au matin, dans la neige et la glace. Et quand, le lendemain, l’abbé vit que c’était lui qui était allé à la croix, il l’envoya chercher, et, avec tous les moines, lui demanda pardon. Et l’évêque les accueillit avec une indulgence parfaite. Sept ans après, Féramond fût enfin chassé de son siège, et saint Lambert y remonta, par ordre du roi Pépin. Et comme deux méchants recommençaient à le tourmenter, ses amis les tuèrent ainsi qu’ils le méritaient. Vers le même temps, Lambert fit de vifs reproches à Pépin au sujet d’une courtisane qu’il gardait près de lui. Alors le frère de cette courtisane, qui servait à la cour, s’entendit avec Dodon, frère des deux hommes qui avaient été tués ; et, ayant assemblé une armée, ils assiégèrent la maison de l’évêque. Celui-ci était en prière quand un de ses serviteurs vint lui annoncer que la maison était assiégée. Le saint prit d’abord un poignard ; mais bientôt il se ravisa et jeta le poignard, préférant vaincre ses ennemis par sa mort que de souiller de leur sang ses mains sacrées. Il engagea ses compagnons à confesser leurs péchés et à attendre courageusement la mort ; puis il se remit en prière ; et aussitôt les impies, forçant les portes, s’élancèrent sur lui et le mirent à mort. Quand ils se furent retirés, un des serviteurs de Lambert embarqua secrètement, son corps sur un bateau et le transporta dans l’église, où il fut enseveli en grande pompe par les habitants, désolés de sa mort. Cette mort eut lieu en l’an du Seigneur 620.