Page:Voragine - Légende dorée.djvu/604

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sous les décombres d’une maison, et qu’on se préparait déjà à ensevelir.

Le frère Jacques de Rieti, traversant un fleuve avec d’autres frères, se noya au moment où ses compagnons descendaient déjà sur le rivage. Les survivants invoquèrent l’aide de saint François, et le noyé lui-même, déjà à demi mort, l’invoquait de son côté. Et voici que ses compagnons le virent marcher sur les vagues comme sur du sable, et ramener jusqu’au rivage le bateau submergé. Et ils virent même que ses vêtements étaient secs, au point que pas une goutte d’eau ne les avait mouillés.




CLXVIII


SAINTE PÉLAGIE, PÉCHERESSE
(22 septembre)


Pélagie était une des femmes les plus nobles, les plus riches et les plus belles de la ville d’Antioche. Ambitieuse et vaine, impudique de corps et d’âme, elle se promenait orgueilleusement par la ville, de telle sorte qu’on ne voyait rien sur elle que de l’or, de l’argent, et des pierreries, et que, sur son passage, elle remplissait l’air de parfums capiteux. Devant et derrière elle, marchait une troupe nombreuse de jeunes hommes et de jeunes femmes, également vêtus de robes éclatantes. Elle fut, un jour, rencontrée, en cet équipage, par un saint homme nommé Néron, évêque d’Héliopolis, qui s’appelle aujourd’hui Damiette. Et Néron, voyant qu’elle avait plus de souci de plaire au monde que lui-même n’en avait de plaire à Dieu, se mit à pleurer. Puis, se jetant sur le pavé, il frappait son visage contre terre, priant Dieu de lui pardonner. Et il dit à ceux qui étaient avec lui : « En vérité je vous le dis, Dieu produira cette femme contre nous au jour du jugement : car elle met