Page:Voragine - Légende dorée.djvu/666

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aussi elle filait la laine avec ses servantes, et, de la laine filée par elle, faisait faire des vêtements. Elle nourrissait les affamés. Pendant que le landgrave son mari s’était rendu à la cour de l’empereur Frédéric, qui était alors à Crémone, elle fit recueillir tout le grain des granges royales et l’employa à nourrir, tous les jours, les pauvres qu’elle convoqua de toutes parts. Quand l’argent lui manquait, elle vendait ses ornements, ou ceux de ses servantes, pour en offrir le produit aux pauvres. De la même façon, elle désaltérait ceux qui avaient soif. Un jour qu’elle distribuait de la cervoise aux pauvres, on s’aperçut que la liqueur ne diminuait pas dans le vase, malgré la grande quantité qui s’en trouvait versée. Elle-même, encore, recevait les pauvres et les pèlerins. Elle fit construire une grande maison au pied du château, afin d’y recueillir les malades ; et tous les jours, malgré la difficulté des descentes et des montées, elle s’y rendait en personne, prodiguant aux malades les cadeaux, les soins et les saintes paroles Dans la même maison elle faisait élever et nourrir des enfants pauvres ; et a ces enfants elle se montrait toujours si douce et si humble que tous l’appelaient leur mère, et que, dès qu’elle entrait, ils l’entouraient tous comme leur mère. Un jour qu’elle était allée acheter pour eux de petits vases et de petits anneaux de verre, ainsi qu’une foule d’autres jouets fragiles, elle laissa tomber sur les pierres toutes ses emplettes ; mais pas un seul des objets de verre ne se brisa. En un mot, il n’y a pas une seule des sept œuvres de miséricorde qu’elle ne remplit avec un zèle et une ferveur admirables.

Une part d’éloges revient aussi au mari d’Élisabeth qui, malgré les innombrables affaires temporelles qui l’occupaient, restait fidèle au service de Dieu, et, faute de pouvoir se livrer lui même aux œuvres de miséricorde, laissait du moins à sa femme toute liberté de s’y livrer. C’est pour répondre au vœu de sa femme qu’il partit pour la croisade, de façon à employer ses armes pour la défense de la foi. Et pendant qu’il était en Terre Sainte, ce pieux et bon prince rendit son âme