Page:Voragine - Légende dorée.djvu/678

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l’amour coupable qu’enflammait sa présence. Pour obtenir de son mari le consentement de son départ, elle imagina de lui raconter qu’une voix lui avait dit, en rêve, de quitter Rome aussitôt, avec ses deux jumeaux Faust et Faustin, faute de quoi ils périraient tous. Le mari, épouvanté, envoya sa femme et ses deux enfants à Athènes, gardant près lui, pour le consoler, son plus jeune fils Clément, âgé de cinq ans. Et le bateau qui portait Macidienne fit naufrage, durant la nuit. Macidienne, rejetée par les flots, se réfugia sur un rocher, d’où elle se serait certainement précipitée à la mer, dans l’excès de sa douleur, si elle n’avait pas conservé du moins l’espoir de retrouver les cadavres de ses fils, qu’elle croyait noyés. En vain des femmes, qui demeuraient dans ces régions, s’efforçaient de la consoler en lui racontant leurs propres infortunes. Une de ces femmes, cependant, finit par la décider à demeurer chez elle, en lui disant qu’elle avait, elle-même, perdu dans un naufrage son mari, encore tout jeune, et que jamais elle n’avait consenti à se remarier. Mais bientôt Macidienne sentit faiblir ses mains, que, dans son désespoir, elle avait longtemps déchirées avec ses dents. Et comme la femme qui l’avait recueillie était tombée malade et ne pouvait plus se lever, la mère de Clément se trouva contrainte de mendier pour avoir de quoi se nourrir ainsi que son hôtesse.

Un an après son départ de Rome, son mari envoya des serviteurs à Athènes pour s’informer de ce qu’étaient devenus sa femme et ses fils. Les envoyés ne revinrent pas. D’autres serviteurs, qu’il envoya ensuite, revinrent, mais pour annoncer qu’ils n’avaient pu découvrir aucune trace de Macidienne et de ses enfants. Alors Faustinien, laissant Clément à la garde de tuteurs, partit lui-même pour Athènes ; et il ne revint pas. Ainsi Clément se trouva orphelin, sans aucune nouvelle de ses parents ni de ses frères.

Il s’adonna tout entier à l’étude, et atteignit jusqu’aux plus profonds secrets de la philosophie. Il désirait surtout se renseigner sur l’immortalité de l’âme ; et lorsqu’un