Page:Voragine - Légende dorée.djvu/680

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sont sévèrement punies ? » Et elle : « Ah, si j’avais la certitude que les âmes vivent après la mort, je me tuerais aussitôt avec joie, pour pouvoir au moins un instant revoir mes deux fils chéris ! » Et comme Pierre lui demandait la cause d’un tel désespoir, elle lui raconta toutes ses aventures. Et Pierre : « J’ai un disciple nommé Clément qui m’a raconté une histoire toute pareille à la tienne, touchant sa mère et ses frères ! » Ce qu’entendant, la femme s’évanouit de stupeur. Puis elle dit, revenant à elle : « C’est moi qui suis la mère de ce jeune homme ! » Et, se jetant aux pieds de saint Pierre, elle le supplia de la conduire de suite en présence de son fils. Et Pierre : « Ton fils est ici, dans notre bateau ; mais quand tu le verras, efforce-toi de ne rien dire jusqu’à ce que nous ayons quitté le rivage de l’île ! » Et quand Clément vit revenir saint Pierre tenant par la main une vieille femme, il ne put s’empêcher d’abord de rire de ce spectacle. Mais bientôt Macidienne, assise près de son fils, ne put se contenir davantage et se jeta dans ses bras. Et lui, la croyant folle, la repoussait avec indignation. Alors Pierre : « Que fais-tu, mon fils Clément ? Ne repousse point ta mère ! » Et Clément reconnut sa mère, et tout en larmes, la couvrit de baisers. Saint Pierre se fit ensuite conduire chez la vieille hôtesse de Macidienne, qui gisait paralysée ; aussitôt il la guérit. Puis Macidienne interrogea Clément sur son père. Et lui : « Il s’est mis en route pour te chercher et n’est jamais revenu ! » En réponse, Macidienne soupira ; mais la grande joie d’avoir retrouvé son fils la consolait presque de tous ses chagrins.

Survinrent alors Nicétas et Aquila. Et comme ils demandaient quelle était la femme qu’ils voyaient, Clément leur dit : « C’est ma mère, que Dieu m’a rendue par l’entremise de Pierre ! » Pierre leur raconta alors toute l’histoire. Et aussitôt Nicétas et Aquila se levèrent tout troublés. Et ils dirent : « Dieu puissant, rêvons-nous ou cela est-il réel ? » Et, reconnaissant la réalité de ce qu’ils voyaient et entendaient, ils s’écrièrent : « C’est nous qui sommes ce Faust et ce Faustin, que notre mère croit