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Page:Voragine - Légende dorée.djvu/7

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II
INTRODUCTION

Quant à Varage, où il est né, c’est une charmante ville de la côte de Gênes, à mi-chemin entre Savone et Voltri. Moins heureuse que sa voisine Cogoleto, – qui fut, comme l’on sait, la patrie de Christophe Colomb, – la patrie de Jacques de Voragine n’a rien gardé de ses édifices d’autrefois, à l’exception des ruines imposantes de ses remparts, et d’une haute tour de briques que le petit Jacques, peut-être, aura vu construire : car, avec l’élancement léger de ses colonnettes, et la sveltesse du clocheton pointu dont elle est couronnée, elle doit dater de cette première moitié du xiiie siècle qui fut, en Italie, une époque incomparable de renaissance chrétienne. Et si le reste de la ville s’est entièrement renouvelé, depuis cette époque, tout y a conservé cependant son caractère ancien, ou, pour mieux dire, éternel. Entre des maisons modernes serpentent, de même que jadis, d’étroites rues pleines d’ombre. Sur la plage ensoleillée, d’honnêtes artisans façonnent, à leur loisir, des barques de pêche, pareilles à celles que façonnait, peut-être, le père de l’auteur de la Légende Dorée, dont un chroniqueur génois nous apprend « qu’il est né de condition basse dans une petite terre ». Plus haut, au-delà des vieux remparts crénelés, se déploie un cirque merveilleux de collines plantées d’oliviers ; et, de quelque côté que les yeux se tournent, ces collines sont plantées aussi de couvents, de chapelles, de chemins de croix, qui créent autour de la petite ville une atmosphère de piété ingénue et joyeuse.

Mais nulle part l’âme de Varage ne subsiste plus