Page:Voragine - Légende dorée.djvu/711

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coupe le sarment de sa vigne afin qu’elle germe mieux et soit couronnée de fruits ! » Et le bourreau : « Si tu consens à céder, je puis encore te faire grâce et guérir ta main ! » Et, comme Jacques s’y refusait, il lui coupa un second doigt. Et Jacques dit : « Reçois ces deux rameaux que tu as plantés ! » Au troisième doigt coupé, il dit : a Délivré d’une triple tentation, je bénis le Père, le Fils et le Saint-Esprit ! Au quatrième doigt, Jacques dit : « Protecteur des fils d’Israël, quatre fois béni, reçois de ton serviteur ce quatrième hommage ! » Enfin, au cinquième doigt : « Maintenant ma joie est complète ! »

Alors les bourreaux lui dirent : « Aie maintenant pitié de ton âme ! Et ne t’afflige pas d’avoir perdu une main, car il y a bien des hommes qui n’ont qu’une main, et qui abondent en honneurs et richesses ! » Et Jacques : « Quand les bergers tondent leurs brebis, se contentent-ils de couper la laine du côté droit, en laissant tout entière celle du côté gauche ? » On lui coupa le petit doigt de la main gauche. Et lui : « Seigneur, étant le plus grand, tu as voulu devenir, pour nous, le plus petit ! Reprends le corps que tu as racheté de ton propre sang ! » Au septième doigt, il dit : « Sept fois par jour j’ai loué le Seigneur ! » Au huitième : « C’est le huitième jour que Jésus a été circoncis. Permets à l’âme de ton serviteur, Seigneur, d’être, elle aussi, purifiée par les rites sacrés ! » Au neuvième doigt, il dit : « C’est à la neuvième heure que le Christ a expiré sur la croix. Aussi, Seigneur, suis-je heureux de te proclamer et de te remercier, dans la douleur de l’amputation de mon neuvième doigt. » Enfin, au dixième doigt, il dit : « La dixième lettre de l’alphabet, iota, est la lettre par laquelle commence le nom de Jésus-Christ ! » Alors quelques-uns des assistants dirent : « Ô toi que nous avons aimé, feins tout au moins de renier ton Dieu pour obtenir la vie sauve ! On t’a, en vérité, coupé les mains ; mais nous connaissons des médecins très habiles qui sauront te guérir de ta souffrance. » Et Jacques : « Loin de moi une aussi honteuse dissimulation ! Celui qui regarde en arrière pendant qu’il conduit la charrue ne saurait être propre au royaume de