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LA LÉGENDE DORÉE

ressuscitiez au nom du Christ ! » Et Aristodème fit ainsi, et aussitôt les deux morts ressuscitèrent. Alors l’apôtre baptisa le grand prêtre et le proconsul avec toute sa famille ; et ceux-ci, plus tard, élevèrent une église en l’honneur de saint Jean.

VI. Saint Clément rapporte, ainsi qu’on le lit au livre quatrième de l’Histoire ecclésiastique, qu’un jour saint Jean convertit certain jeune homme brave et beau, et le confia au soin d’un évêque, comme un dépôt. Or, quelque temps après, le jeune homme abandonna l’évêque pour devenir chef de brigands. Et, l’apôtre ayant ensuite redemandé à l’évêque le dépôt qu’il lui avait confié, l’évêque répondit : « Mon père vénéré, cet homme est mort, quant à l’âme ; il demeure maintenant sur une montage, avec des brigands dont il est le chef. » Ce qu’entendant, l’apôtre déchira son manteau et se frappa la tête de ses poings ; et aussitôt il se fit seller un cheval, et monta, sans escorte, sur la montagne où était le brigand. Mais celui-ci, pris de honte à sa vue, enfourcha son cheval et s’enfuit. Or, l’apôtre, oubliant son âge, se mit à le poursuivre, en lui criant : « Hé, quoi, fils bien-aimé, tu fuis ton père, qui n’est qu’un vieillard sans armes ? Ne crains rien, mon fils, car je rendrai compte pour toi au Christ, et je t’assure que bien volontiers je mourrai pour toi, de même que le Christ est mort pour nous ! Reviens, mon fils, reviens ! C’est le Seigneur qui m’envoie ! » En entendant ces paroles, le jeune homme se retourna, s’approcha du saint, et fondit en larmes. Alors l’apôtre se jeta à ses pieds, lui prit la main, et la couvrit de baisers. Et il pria et jeûna pour lui, et obtint son pardon ; et, plus tard, il l’ordonna évêque.

VII. Cassien, dans son livre des Collations, raconte ceci. On offrit un jour à saint Jean une perdrix vivante ; et comme le saint la caressait dans sa main, un adolescent dit en riant à ses camarades : « Voyez donc ce vieillard qui joue avec un oiseau, comme un enfant ! » Alors, saint Jean, devinant la pensée de l’adolescent, l’appela et lui demanda pourquoi il tenait en main un arc et des flèches. Et l’adolescent : « C’est pour viser des