LETTRE X.
DES PRODUCTIONS MARITIMES, POISSONS, COQUILLAGES, MADRÉPORES.
Il me reste à vous parler de la mer et de ses
productions; après quoi vous en saurez au moins
autant que le premier Portugais qui mit le pied
dans l'île. Si je puis y joindre un journal matéorologique,
vous serez à peu près au fait de tout
ce qui regarde le naturel de cette terre. Nous
passerons de là aux habitans et au parti qu'ils
ont tiré de leur sol, où, comme dans le reste de
l'univers, le bien est mêlé de mal. Le bon Plutarque
veut qu'on tire de ces contraires une harmonie;
mais les instrumens sont communs, et les
bons musiciens sont rares.
On voit souvent des baleines au vent de l'île, surtout dans le mois de septembre, temps de leur accouplement. J'en ai vu plusieurs, pendant cette saison, se tenir perpendiculairement dans l'eau, et venir fort près de la côte. Elles sont plus petites que celles du nord. On ne les pêche point, cependant les noirs n'ignorent pas la manière de les harponner. On prend quelque fois des lamentins. J'ai mangé de sa chair, qui