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19e Tableau
Le Château d’Andernak


Le salon du Château d’Andernak tel qu’il était au premier tableau.


Scène Unique

Georges, Éva, Ox, Volsius, Tartelet, Mme  de Traventhal.
Georges est étendu sur un Canapé. Éva est agenouillée près de lui. Mme  de Traventhal est près d’Éva. Tartelet se tient un peu à l’écart, Volsius et le Docteur Ox sont au chevet du malade.

Mme  de Traventhal : Malheureux enfant !… Est-ce ainsi que je devais le revoir ?

Éva : Vivra-t-il, mon Dieu… et s’il vit, sa raison restera-t-elle à jamais perdue ?

Tartelet (à part) : Hélas ! j’en ai bien peur.

Volsius : Ne désespérez pas, mon enfant, à nous deux, le docteur Ox et moi, nous accomplirons peut-être un double miracle.

Ox : À nous deux… que voulez-vous dire ?

Volsius : Vous êtes une puissante incarnation de cette science, pour qui le corps est tout, et qui ne croit en rien dans l’avenir. Je suis, moi, l’humble serviteur de la foi, et je compte pour rien notre enveloppe terrestre. Rendez la vie à ce corps, dites-lui : relève-toi et marche, je m’efforcerai moi de réveiller sa raison et de rendre le calme et la force à son âme immortelle !

Ox : Le sauver !… moi !…

Éva : Votre esclave et le sien, pour n’être plus haï, m’avez-vous dit : j’abjure toute haine, sauvez-le !

(Il verse quelques gouttes d’une liqueur contenue dans un flacon sur les lèvres de Georges.)

Ox : Et maintenant, attendez.

Tartelet : Attendons. (Voyant entrer Valdemar.) Valdemar, chut !… (il lui fait signe de ne pas faire de bruit.)

Valdemar (bas, attirant Tartelet à part) : Oui c’est moi, Tartelet, et je suis bien heureux et bien désespéré à la fois !

Tartelet : Qu’y a-t-il donc ?

Valdemar : J’ai revu Babichok,… elle m’attendait ; mais elle attendait aussi mon diamant, et vous savez hélas ! (pleurant) là-bas… dans la planète… où il était sans valeur… je l’ai bêtement jeté…

Tartelet : Oui !… et je l’ai ramassé… Moi !

Valdemar (tristement) : Ah ! vous l’avez ramassé, Tartelet ?

Tartelet : Et je vais vous le restituer, Valdemar !…

Valdemar : Vous me le rendez… Tartelet, mon ami !… Nous l’offrirons à Babichok… tous les deux, et nous l’épouserons tous les… non !…

Ox : Regardez : ses yeux vont se rouvrir, sa bouche va parler, il se soulève.

Georges : Ah !

Ox : Il parle.

Georges (dans un délire complet) : Où sommes-nous ?… Ah ! le centre de la terre !… Éva qui va mourir !… Elle est sauvée !… maintenant… la mer… l’Atlantide… et ma royauté… mon triomphe !…

Éva : Hélas !… c’est toujours la démence !

Volsius : À mon tour maintenant !

(Il s’approche de l’orgue et se met à jouer.)

Georges : Altor !… la planète Altor !… Tout un monde qui s’anéantit !… les uns chantent et boivent !… les autres prient !…

(Pendant ces dernières paroles, le décor a changé et représente une sorte de cathédrale aérienne.)

Il prient !… et voici le sanctuaire céleste, c’est la voix des anges que j’entends !… Ah ! quel calme bienfaisant se répand dans tout mon être, mon front est rafraîchi et le voile qui obscurcissait ma pensée se dissipe… oui ! oui !… je me souviens !… je vois !… Je vous reconnais… je vous reconnais tous !… (saisissant la main à Éva). Éva ! ah ! Chère Éva ! Je t’aime,… plus de rêves insensés !… à toi… à toi seule pour toujours !…

Valdemar : À toi Babichok ! ton Valdemar !…

Tartelet (lui donnant le diamant) : Ton Valdemar et son diamant. (Valdemar se jette dans ses bras.)


FIN