Page:Voyage A L'Ile-De-France ; Tome Second.pdf/153

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tion charmante. Plusieurs ruisseaux circulaient à travers ses longues avenues de tilleuls, et formaient, au bas, des îles plantées de vergers au milieu des prairies. Au loin, autant que la vue pouvait s'étendre, nous apercevions les riches campagnes de la Silésie, couvertes de moissons, de villages, et de maisons de plaisance arrosées par l'Oder, qui les traversait comme un ruban d'argent et d'azur. «Oh! la belle vue! s'écria un peintre italien qui allait à Dresde; il me semble voir le Milanais. Un astronome de l'académie de Berlin se mit à dire: «Voilà de grandes plaines, on pourrait y tracer une longue base, et par ces clochers avoir une belle suite de triangles.» Un baron autrichien, souriant dédaigneusement, répondit au géomètre: «Sachez que cette terre est des plus nobles d'Allemagne; tous ces clochers que vous voyez là-bas en dépendent.—Cela étant, repartit un marchand suisse, les habitans y sont donc serfs. Par ma foi, c'est un pauvre pays.» Un officier hussard prussien, qui fumait sa pipe, la retira gravement de sa bouche, et se mit à dire d'un ton ferme: «Personne ici ne relève que du roi de Prusse. Il a délivré les Silésiens du joug de l'Autriche et de ses nobles. Je me souviens qu'il nous a fait camper ici il y a quatre ans. Oh! les belles campagnes pour donner une bataille! j'établirais mes magasins dans le château, et mon artillerie sur ses terrasses. Je