Page:Voyage A L'Ile-De-France ; Tome Second.pdf/84

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Je préférerais Paris à toutes les villes, non pas à cause de ses fêtes, mais parce que le peuple y est bon, et qu'on y vit en liberté. Que m'importent ses carrosses, ses hôtels, son bruit, sa foule, ses jeux, ses repas, ses visites, ses amitiés si promptes et si vaines? Des plaisirs si nombreux mettent le bonheur en surface, et la jouissance en observation. La vie ne doit pas être un spectacle. Ce n'est qu'à la campagne qu'on jouit des biens du cœur, de soi-même, de sa femme, de ses enfans, de ses amis. En tout, la campagne me semble préférable aux villes: l'air y est pur, la vue riante, le marcher doux, le vivre facile, les mœurs simples, et les hommes meilleurs. Les passions s'y développent sans nuire à personne. Celui qui aime la liberté n'y dépend que du ciel; l'avare en reçoit des présens toujours renouvelés, le guerrier s'y livre à la chasse, le voluptueux y place ses jardins, et le philosophe y trouve à méditer sans sortir de chez lui. Où trouvera-t-il un animal plus utile que le bœuf, plus noble que le cheval et plus aimable que le chien? Apporte-t-on des Indes une plante plus nécessaire que le blé et aussi gracieuse que la vigne?

Je préférerais de toutes les campagnes, celle de mon pays, non pas parce qu'elle est belle, mais parce que j'y ai été élevé. Il est dans le lieu natal un attrait caché, je ne sais quoi d'attendrissant, qu'aucune fortune ne saurait donner et qu'aucun pays ne peut rendre. Où sont ces