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Page:Voyage en Navarre pendant l'insurrection des Basques.pdf/40

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VOYAGE EN NAVARRE.

vant un bureau de tabac fermé, et d’une voix frémissante jurait par le diable, Dêbrouïa ! en brandissant son bâton ferré. Les spectateurs s’étaient prudemment éloignés et laissaient le champ libre au fougueux montagnard. Ecumant de rage, il s’élance sur la porte, la secoue, l’ébranlé : nouveau Samson, il allait l’arracher de ses gonds ; je m’approchai de lui : « L’ami, fitil d’abord, avec un éclat de voix et un de ces regards effrayans que l’ivresse et la colère donnent au Basque, passe ton chemin. - Je n’eus garde de reculer à cette menace, protégé, malgré mon habit français, par le berret national dont je m’étais paré, et le bâton ferré que je tenais aussi à la main. Le contrebandier laissait plomber sur moi un regard fixe : une pensée de gain traversa son esprit, et l’expression terrible de son visage s’évanouit pour faire place au plus remarquable sang-froid. Rien n’égale la mobilité de la physionomie du Basque les mouvemens les plus contraires changent son âme avec la rapidité de l’éclair. C’est ce qui venait d’ani-