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Page:Voyages de Francois Bernier (éd. 1710), vol. 1.pdf/111

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du grand Mogol.

Multan vers Lahor, & qu’il marchoit avec cette vîteſſe ordinaire, il vid venir à ſa rencontre le Raja Jeſſeingue accompagné de quatre ou cinq mille de ſes Ragipous en fort bon équipage ; Aureng-Zebe, qui avoit laiſſé ſon Armée derriere, & qui ſçavoit d’ailleurs que ce Raja étoit fort affectionné à Chah-Jehan, ſe trouva aſſez ſurpris comme on peut bien ſe l’imaginer, dans la crainte que ce Raja ne ſe ſervit de l’occaſion & ne fit un coup d’Etat, qui étoit de ſe ſaiſir de lui pour tirer Chah-Jehan de priſon, ce qui lui étoit pour lors très-facile ; on ne ſçait pas même ſi ce Raja n’avoit point quelque deſſein de cette nature, car il avoit marché avec une viteſſe tout à fait extraordinaire, juſques-là qu’Aureng-Zebe n’en avoit eu aucunes nouvelles le croyant encore vers Dehli : Mais que ne fait point la fermeté & la preſence d’eſprit ? Aureng-Zebe, ſans s’émouvoir & ſans perdre contenance, marcha droit vers le Raja, & de ſi loin qu’il le vid lui fit figne de la main de s’aprocher vite, lui criant Salamet Bached Rajagi, Salamet Bached Baba-gi, le traitant de Seigneur Raja & de Seigneur Pére : Quand le Raja ſe fut aproché de lui, je t’attendois

avec