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Page:Voyages de Francois Bernier (éd. 1710), vol. 1.pdf/122

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Histoire des États

pour le plus habile homme des Indes, il ne doutoit point qu’à l’exemple de Sultan Mahmoud il ne ſe promît de grandes eſperances. Tout cela certes eût été capable d’embaraſſer un eſprit mediocre ; mais Aureng-Zebe trouva remede à tout ; il les ſeut éloigner tous deux avec tant de conduite & même de ſi bonne grace, que ny l’un ny l’autre n’eut aucun ſujet de s’en plaindre. Il les envoya tous deux contre Sultan Sujah avec une puiſſante Armée, faiſant ſecretement entendre à l’Emir que le Gouvernement de Bengale, qui eſt le meilleur poſte de l’Hindouſtan, étoit deſtiné pour lui tant qu’il vivroit, & pour ſon fils aprés ſa mort, & que c’étoit par là qu’il vouloit commencer à lui témoigner la reconnoiſſance qu’il avoit des grands ſervices qu’il lui avoit rendus, & qu’enfin il n’appartenoit qu’à lui de défaire Sujah, & que ſi tôt qu’il en ſeroit venu à bout il le feroit Mir-ul Omrahs, qui eſt la premiere & la plus honorable charge de l’Hindouſtan, puiſque c’eſt comme qui diroit le Prince des Omrahs. Il ne dit à Sultan Mahmoud que ces trois ou quatre paroles, ſouvien-toi que tu és l’aîné de mes enfans, que c’eſt pour toi que tu vas combattre, que tu as fait

beau-