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Page:Voyages de Francois Bernier (éd. 1710), vol. 1.pdf/127

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du grand Mogol.

per des paroles pleines de fierté à l’égard de ſon pere Aureng-Zebe, comme s’il lui eût été obligé de ſa Couronne, & pleines de mépris & de menaces à l’égard de l’Emir-Jemla, ce qui cauſa de grandes froideurs entre eux, & qui durerent même aſſez long-temps ; juſqu’à ce qu’enfin Sultan Mahmoud apprenant que ſon Pere étoit fort mécontent de ſa Conduite, & aprehendant que l’Emir n’eût ordre de ſe ſaiſir de ſa perſonne, ſe retira vers Sultan-Sujah, accompagné de fort peu de monde ; il lui fit de grandes promeſſes & lui jura fidelité ; mais Sujah, qui aprehendoit que ce ne fût quelque ruſe d’Aureng-Zebe & de l’Emir-Jemla pour l’attraper, ne ſe pouvoit fier en lui, ayant toûjours l’œil ſur ſes actions ſans lui donner aucun commandement conſiderable, ce qui le dégoûta tellement, que quelques mois après ne fachant que devenir il reſolut d’abandonner Sultan-Sujah, & s’en retourna vers l’Emir, comme il s’en étoit retiré l’Emir le reçût aſſez bien, l’aſſeurant qu’il écriroit en ſa faveur à Aureng-Zebe, & qu’il feroit tout ſon poſſible aupres de lui pour lui faire oublier cette faute.

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