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Page:Voyages de Francois Bernier (éd. 1710), vol. 1.pdf/129

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du grand Mogol.

autant que Chah-Jehan fit à ſon Pere Jehan-Guyre & qu’il en a veu faire ces derniers jours à Chah-Jehan : Auſſi dirons nous en paſſant au ſujet de ce fils, que s’il continue d’en uſer comme il a fait juſques à prefent, Aureng-Zebe n’aura pas ſujet de le ſoupçonner & de s’en mécontenter, car jamais eſclave ne ſçauroit être plus ſouple, & jamais Aureng-Zebe n’a paru plus degagé d’ambition ny plus Fakire que lui ; neanmoins j’ay veu des gens d’eſprit qui croyent que ce n’eſt pas tout de bon ; mais par une Politique rafinée & cachée comme celle de ſon pere ; c’eſt ce que le temps nous apprendra, paſſons outre.

Pendant que toutes ces choſes ſe paſſerent ainfi dans le Bengale, & que Sultan Sujah reſiſtoit du mieux qu’il pouvoit aux forces de l’Emir Jemla, paſſant tantôt d’un côté dù Gange, d’un canal, ou d’une riviere, car tout en eſt plein dans ce païs là, & tantôt d’un autre ; Aureng-Zebe ſe tenoit autour d’Agra allant & venant deça delà, & enfin aprés avoir auſſi fait conduire Morad-Bakche à Goüalcor, il s’en vint à Dehli, où il commença à faire tout de bon & tout hautement le Roi, donnant ordre à toutes les af-

fai-