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Page:Voyages de Francois Bernier (éd. 1710), vol. 1.pdf/133

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du grand Mogol.

blable) par des gens de l’armée d’Aureng-Zebe, qui étans partiſans ſecrets de Dara trouverent moyen de l’aborder & de s’en défaire, aprehendans qu’il ne les découvrît & qu’il n’eût quelque connoiſſance des lettres qu’ils avoient écrites à Dara ; mais de quoi lui ſervoit alors que Chah-Navaze-kan mourût ? c’étoit autrefois qu’il falloit ſonger à ſuivre le conſeil de ſes amis & à ne ſe fier jamais en lui.

Le combat commença ſur les neuf à dix heures du matin ; l’artillerie de Dara, qui étoit bien placée ſur une petite éminence, ſe fit aſſez entendre ; mais, à ce qu’on dit, la plupart ſans boulets, tellement il étoit trahi de tout le monde. Il n’eſt pas neceſſaire de raporter les autres particularitez de cette bataille ; ce ne fut proprement pas une bataille, ce ne fut qu’une déroute ; Je dirai ſeulement qu’à peine eut-on commencé de donner, que Jeſſeingue ſe trouva tout proche & à la veuë de Dara, auquel il envoya dire de s’enfuir au plûtôt s’il ne vouloit étre pris ; ſi bien que le pauvre Prince tout ſurpris fut contraint de s’enfuir ſur l’heure même, & avec tant de défordre & de precipitation qu’il n’eut pas ſeule-

ment