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Page:Voyages de Francois Bernier (éd. 1710), vol. 1.pdf/159

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du grand Mogol.

barbares n’ont aucune veritable generoſité, & ne ſont gueres retenus par la foi qu’ils ont promiſe, ne regardant qu’à leurs intérêts preſens, ſans ſonger méme aux malheurs qui leur peuvent arriver de leur perfidie & de leur brutalité ; pour ſe tirer de leurs mains il faut étre ou le plus fort, ou n’avoir rien qui puiſſe exciter leur avarice. Sultan Sujah a beau preſſer pour le Navire, c’eſt en vain, il [illisible], au contraire le Roi commence à témoigner beaucoup de froideur & à ſe plaindre de lui de ce qu’il ne le venoit point voir. Je ne ſçai ſi Sultan Sujah croyoit étre choſe indigne & trop baſſe pour lui de l’aller viſiter, ou ſi plûtôt il ne craignoit point qu’étant dans la maiſon du Roi on ne ſe ſaiſit de ſa perſonne pour avoir tout ſon treſor, & qu’on ne le mît entre les mains de l’Emir-Jemla qui promettoit pour cela de la part d’Aureng-Zebe de grandes ſommes de deniers & pluſieurs autres grands avantages ; quoi qu’il en ſoit, il n’y voulut point aller & ſe contenta d’y envoyer Sultan Banque, qui étant proche de la maiſon du Roi ſe mit à faire largeſſe au peuple, lui jettant quantité de demi Roupies & même des Roupies entieres

d’or