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Page:Voyages de Francois Bernier (éd. 1710), vol. 1.pdf/185

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du grand Mogol.

re & en une generoſité merveilleuſe.

Ce fut encore environ le même temps, ce me ſemble, qu’on vit Aureng-Zebe un peu degouté de Rauchenara-Begum à cauſe qu’elle fut ſoupçonnée d’avoir fait entrer deux hommes à diverſes fois dans le Serrail, qui furent découverts & menez devant Aureng-Zebe ; neanmoins comme ce n’étoit qu’un ſoupçon, il ne lui en témoigna pas un grand reſſentiment, & il n’en uſa pas avec tant de rigueur & de cruauté envers ces miſerables qu’avoit fait Chah Jehan. Voici de quelle façon une vieille Meſtice de Portugais, qui avoit été long-temps eſclave dans le Serrail & qui y entroit & en fortoit, me conta la choſe. Elle me dit que Rauchenara-Begum, après avoir tiré d’un jeune homme tout ce qu’il avoit pu pendant quelques jours qu’elle l’avoit tenu caché, le donna à quelques femmes pour le conduire pendant la nuit au travers de quelques jardins, & le faire ſauver ; mais ſoit qu’elles euſſent été decouvertes, ou qu’elles euſſent eu peur de l’eſtre, ou autrement, elles s’enfuirent & le laiſſerent là errant parmi ces jardins ſans qu’il ſceût de quel côté tourner, enfin ayant été rencontré, & mené de-

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