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Page:Voyages de Francois Bernier (éd. 1710), vol. 1.pdf/199

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du grand Mogol.

ſadeurs n’avoient garde de manquer d’en dire plus qu’on n’en vouloit ſur la grandeur de leur Roi & ſur la force de ſon armée ; mais ce Mogol n’en convenoit pas trop, & en leur abſence nous repreſentoit cette armée qu’il avoit veuë deux fois en campagne le Roi à la tête, comme la plus miſerable choſe du monde. Il nous racontoit auſſi pluſieurs particularitez du païs, que j’ai miſes dans mes Memoires que je tacherai peut-être quelque jour de débrouiller ; cependant je rapporterai trois ou quatre choſes que me dit Murat, parce que je les trouve fort extravagantes pour un Royaume Chrétien. Il me diſoit donc qu’il n’y avoit guere d’hommes en Ethiopie qui outre leur femme legitime n’en euſſent pluſieurs autres, & le bon homme avoüoit lui même en avoir deux, ſans conter celle qu’il avoit laiſſée à Alep : Que les femmes Ethiopiennes ne ſe cachoient pas ainſi que dans les Indes entre les Mahumetans ni même entre les Gentils : Que celles du menu Peuple filles ou mariées, eſclaves ou libres, ſe trouvoient ſouvent pêle mêle jour & nuit dans une même chambre ſans toutes ces jalouſies des autres Païs : Que celles des Seigneurs ne ſe

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