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Page:Voyages de Francois Bernier (éd. 1710), vol. 1.pdf/201

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du grand Mogol.

fit auſſi venir deux fois devant lui pour la même raiſon que mon Agah, & principalement pour s’enquerir de l’état du Mahumetiſme du Païs : il eut même la curioſité de voir la peau de la Mule qui demeura je ne ſçai comment à la fortereſſe entre les Officiers, ce qui me fut une mortification bien grande, parce qu’ils me l’avoient deſtinée pour les bons ſervices que je leur avois rendus, je faiſois mon conte que j’en ferois preſent un jour à quelqu’un de nos curieux d’Europe : J’inſiſtois fort qu’avec la peau de la Mule ils portaſſent la grande Corne à Aureng-Zebe, pour la lui faire voir, mais nous trouvions ce grand inconvenient, que peut-être il leur eût fait cette demande qui les auroit embaraſſez ; comment il s’étoit pû faire qu’ils euſſent ſauvé la Corne du pillage de Sourate & perdu la Civette.

Dans le temps que les Ambaſſadeurs d’Ethiopie étoient a Dehly, Aureng-Zebe fit aſſembler ſon Conſeil Privé & les plus Doctes perſonnes de ſa Cour, pour determiner du nouveau Maître qu’il donneroit à ſon troiſiéme fils Sultan Ekbar celui qu’il deſtine pour ſon ſucceſſeur. Il fit voir dans ce Conſeil la paſſion qu’il a de

faire