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Page:Voyages de Francois Bernier (éd. 1710), vol. 1.pdf/215

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du grand Mogol.

pendant trois mois entiers ſe paſſent ſans qu’Aureng-Zebe faſſe ſeulement ſemblant de le regarder ; juſques à ce qu’enfin ennuyé de l’avoir ainſi toujours devant ſes yeux, il ſe le fit amener dans un endroit retiré où il n’y avoit que Hakim-ul-Moulouk, Danech-mend-kan, & trois ou quatre de ces Omrahs qui ſe piquent de Science, lui parla pour le congedier & s’en défaire, à peu près de cette façon. Je dis à peu près, car il eft impoſſible qu’on puiſſe ſçavoir & raporter ces ſortes de choſes mot pour mot & qu’on n’y mêle rien du ſien ; quand j’y aurois été prefent, auſſi bien que mon Agah qui eſt celui de qui j’ai appris ce que j’en ſçais, je ne le ferois pas avec certitude, mais je puis aſſeurer en verité que je n’ai rien obmis de la ſubſtance de la choſe ; c’eſt donc ainſi que commença Aureng-Zebe. Que pretens tu de moi Mullah-gy, Monſieur le Docteur ? que je te faſſe un des premiers Omrahs de ma Cour ? Certainement ſi tu m’avois inſtruit comme tu devois, il n’y auroit rien de plus raiſonnable, car pour moi je ſuis dans ce ſentiment qu’un enfant bien élevé eſt autant ou plus obligé à ſon Maître qu’à ſon

Pere ;