Aller au contenu

Page:Voyages de Francois Bernier (éd. 1710), vol. 1.pdf/217

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
209
du grand Mogol.

progrez, leur décadence, d’où, comment, par quels accidens & par quelles fautes ces grands changemens & revolutions ſont arrivées ; à peine ai je apris de toi le nom de mes ayeuls les fameux Fondateurs de cet Empire ; c’eſt bien loin de m’avoir apris l’Hiſtoire de leur vie ; & comme ils ſe ſont pris à de ſi illuſtres conquetes : [illisible] voulu aprendre l’Arabe, à lire & à écrire ; je te ſuis fort obligé de m’avoir tant fait perdre de tems ſur une langue qui demande des dix & des douze années pour en venir à quelque perfection ; comme ſi le fils d’un Roi ſe devoit jamais piquer de paſſer pour Grammairien ou pour quelque Docteur de la Loi, & d’aprendre au plus d’autres langues que celles de ſes voifins, lors qu’il ne s’en peut que difficilement paſſer, lui à qui le tems eſt ſi cher pour tant d’autres choſes d’importance qu’il doit aprendre de bonne heure ; comme s’il y avoit aucun eſprit qui ne ſe rebutât & ne ſe ravalât même dans un exercice ſi triſte & ſi ſec, ſi long & ſi importun, comme eſt celui d’aprendre des mots. Voilà ce que dit Aureng-Zebe avec beaucoup de reſſentiment ; mais quelques-uns des ſavans, ſoit pour le fla-

ter