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Page:Voyages de Francois Bernier (éd. 1710), vol. 1.pdf/73

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du grand Mogol.

là très-difficile, ſe donna bien de garde d’entreprendre de le forcer : Il vint bien ſe camper près de là, en ſorte que du côté du camp de Dara l’on pouvoit découvrir ſes tentes ; mais que fait-il cependant ? Il pratique un certain rebelle de Raja nommé Chempet, lui fit de grands prefens & lui promit mille belles choſes s’il lui vouloit donner paſſage par ſes terres, afin qu’il pût aller promtement gagner un certain endroit où il ſçavoit que la riviere ſe pouvoit facilement paſſer à gué ; Chempet en tomba d’acord & s’offrit de lui venir montrer lui-même le chemin au travers des bois & des montagnes de ſon païs. Aureng-Zebe décampa la même nuit ſans faire du bruit, laiſſant quelques-unes de ſes tentes pour amuſer Dara, & marchant jour & nuit fit une telle diligence, qu’il ſe trouva quaſi auſſi-tôt audelà de la riviere que Dara en pût avoir des nouvelles ; ſi bien que ce fut à lui à quitter là ſa riviere & abandonner toutes ſes fortifications & venir après ſon ennemi, qu’on lui dit incontinent avancer à grande hâte vers Agra, pour gagner la riviere de Gemna, & là ſans peine & à ſon aiſe jouir de l’eau, ſe fortifier, ſe bien placer

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