Page:Vrain-Lucas, Le parfait secrétaire des grands hommes, Cité des livres, 1924.djvu/10

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Michel Chasles en établissant que les chiffres de Pascal étaient ceux que donnait Newton, non dans la première édition de son ouvrage en 1687, mais dans la troisième en 1726.

M. Chasles cependant ne se tenait pas pour battu et tirait des inépuisables portefeuilles de sa collection de nouvelles lettres de Pascal qu’inséraient religieusement les Comptes rendus de l’Académie et qui toutes, comme par hasard, venaient réduire à néant les objections de ses adversaires.

Prétendait-on que Pascal n’avait jamais été en correspondance avec Newton ? M. Chasles brandissait un paquet de lettres de Pascal à Newton, un autre jour des lettres de Louis XIV et de Jacques II ne laissant aucun doute sur ce point.

Aux affirmations raisonnées de MM. Faugère, Brewster et Grant, il opposait les témoignages écrits de Galilée, Huyghens ou Newton lui-même.

Aussitôt les savants d’Italie et de Hollande entraient dans la danse, les uns pour défendre Galilée, les autres pour protéger Huyghens. Les premiers s’étonnaient que l’astronome florentin eût écrit en français ; les seconds, plus sensibles et moins véhéments, exprimaient leur douleur des atteintes injurieuses portées à la réputation loyale de leur compatriote.

M. Chasles, impassible, continuait à fournir ses preuves : tous les lundis, il apportait des documents nouveaux à l’Académie, qui, la semaine suivante, les publiait gravement. Toutes les fois qu’ils étaient mis à néant, d’autres leur succédaient immédiatement, réfutant toutes les contradictions.