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MOLIÈRE
À Mgr le Prince de Conty.


Ce 25 aoust.


Monseigneur,

J’ay mis le Tasse au premier rang des autheurs italiens qui composèrent des pièces dramatiques. L’Aminte est son chef-d’œuvre au jugement de plusieurs et le Tasse le pensoit ainsy. Tous les Italiens. se sont efforcés de l’imiter, quoyque le Guarini dans le Pastor fido et le Bonarelli dans la Filli di Sciro soient peut-estre les seuls qui en aient bien exprimé les principaux traits.

Cette pièce n’est pas néanmoins sans défauts. Elle pèche par trop d’esprit, si je puis parler ainsy : le poète se joue de son sujet et Térence auroit gardé plus de mesures, s’il avoit eu la mesme matière à traiter.

Quand à Machivael, il a mieux réussy dans sa Mandragore que dans sa Clitie. La première est une des meilleures comédie qui aient estés faites en Italie.

Sur ce, Monseigneur, je suis,

de Vostre Altesse,
le très humble et très obéissant serviteur,


J. B. P. Molière.