Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t2, 1905, trad. Khnopff.djvu/119

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Ne vous faites pourtant pas d’idées fausses : je ne m’attacherais avec force à quoi que ce soit. Par exemple, je ne m’occuperais surtout pas, de ce Tannhäuser parisien, s’il fallait un sérieux effort ou un important sacrifice pour obtenir ce que je veux ici. Au contraire, je fais à mauvais jeu bon visage, parce qu’on me montre aussi bon visage. Pour ce qui concerne les représentations de mes œuvres, jamais de la vie je n’ai encore eu d’aussi bonnes conditions etj sans doute, je ne les aurai plus jamais. À peine puis-je former un souhait, il est exaucé : nulle part la moindre résistance. Maintenant les répétitions au piano ont commencé. Le temps est employé de la façon la plus judicieuse. Chaque détail est soumis à mon examen : j’ai rejeté trois fois les maquettes des décors, avant que l’on réussît à me contenter. À présent, tout devient parfait, et, en tout cas, l’exécution — si elle n’atteint pas l’idéal — sera la meilleure qu’il y ait jamais eu et qu’il puisse y avoir d’ici à quelque temps. Avant tout, je compte sur mon héros : Niemann. Cet homme a des facultés inépuisables. Il est encore à peine dégrossi, et tout, jusqu’ici, ne se fait en lui que par l’instinct. À présent, il n’a pas autre chose à faire, des mois durant, qu’à se laisser conduire par moi. Tout sera étudié jusqu’au dernier point. — Pour Elisabeth, j’ai pareillement une chanteuse jeune, encore à